PUBLICATIONS
Critiques de livres
Quarante ans déjà : Oswald, un mystère américain (Oswald's Tale : An American Mystery) de Norman Mailer et Libra (Libra) de Don DeLillo
Au firmament américain scintillent d'innombrables étoiles mais quatre astres font, par leurs phares conjugués, pâlir tous les autres: Kennedy, Marilyn Monroe, Elvis Presley, et James Dean. Le hasard veut que les deux premiers aient été amants. Le troisième vécut ses dernières années en citrouille de Thanksgiving (si l'on peut imaginer une citrouille vêtue de polyester blanc et décorée de cabochons de pierres multicolores) avec toutefois, surprise, une voix que le passage du temps rendit de plus en plus somptueuse, au service, hélas, de piètres mélodies (lire la suite)
Les os charmants (The lovely bones) d'Alice Sebold
Il serait intéressant de faire un rapide survol de tous les livres américains (et de tous les films qu’on en a tiré) où l’explication choc de la fin est l’abus sexuel, le viol, l’inceste, bref, où le protagoniste a subi une violence passée qui l’a fait agir tout au long du récit de telle façon plutôt que de telle autre. Cela doit se chiffrer par douzaines, comme si seuls des sévices subis autrefois devenaient les rouages de ce que nous sommes, à l’exclusion de tout autre facteur. Plus original est le livre de Alice Sebold, Les os charmants, (pas encore traduit en français, je crois) qui (lire la suite)
Expiation de Ewan McEwan
Deux types de scènes sur lesquelles l’écrivain, même chévronné, bute facilement, sont les scènes de sexe et les scènes de guerre. Dans Expiation, Ian McEwan, qui se tire remarquablement d’affaire dans le premier cas, est plus maladroit dans le second. Ce qui explique qu’après une entrée en matière extraordinaire, la tension se relâche singulièrement dans la deuxième moitié du roman qui n’est plus qu’un amalgame de vignettes de champs de bataille et d’hôpitaux militaires, mille fois décrits ailleurs, souvent avec plus de bonheur. Mais que Ian McEwan ne soit (lire la suite)
Shalimar le clown de Salman Rushdie
Salman Rushdie est-il l’écrivain le plus célèbre du monde (à défaut d’être le plus vendu, cette palme revenant haut la main à C. K. Rawlings, l’auteur des Harry Potter)? C’est bien possible. Pour nous autres obscurs gratte-papier que notre éditeur appelle au bout de deux ans de ventes stationnaires et même inexistantes, pour nous donner le choix entre racheter les invendus de notre livre à bas prix ou les voir passer au pilon, c’est une grande consolation que de constater que le premier doit sa gloire à un fatwalancé contre lui dans les premiers temps de la (lire la suite)
Austerliz de W.G. Sebald
Austerlitz, le protagoniste éponyme du dernier roman de l’Allemand W.G. Sebald, a un sens aigu de l’absurde et de l’inexplicable. Il aurait donc apprécié l’ironie qui a fait que son créateur, tenant enfin un franc succès de librairie apres plusieurs succès d’estime (Les émigrants, Les anneaux de Saturne), soit terrassé par une crise cardiaque mi-décembre, alors qu’il était au volant de sa voiture, et se fasse tuer ainsi, bêtement, dans un accident où sa fille qui l’accompagnait fut grievèment blessée.
Oui, le destin a ainsi de ces fatalités (lire la suite)
Si c'est un homme, de Primo Levi
Finalement, sans vouloir trivialiser l'Holocauste, cette tragédie est aussi une pierre de touche pour catégoriser les gens (et les juger; eh oui, savoir juger est important!) D'un côté, il y a ceux qui disent : "ça suffit de nous rebattre les oreilles avec cette vieille histoire. On a fait le tour de la question, allez hop, on passe à autre chose. " Et puis il y a ceux, j'en suis, qui demeurent fascinés par ce
sommet de l'horreur. (Les révisionistes, déchets d'une humanité qui en connaît pas mal sur le chapitre déchets, tombent hors catégorie) (lire la suite)
Le liseur, de Bernard Schlink
De toutes les périodes marquantes de l'histoire, peu auront été décrites, discutées et disséquées autant que la période nazie, avec ses antécédents, ses conséquences et son corollaire, (unique dans l'horreur) l'holocauste. La fascination ne cesse pas, aucun miroir tenu devant la face de l'humanité n'a autant de facettes multiples et ambiguës. Pour le bourreau en chacun de nous, la question, serais-je capable de cela? Pour la victime en nous, la question, comment aurais-je traversé cette tragédie, cette humiliation sans nom, aurais-je gardé mon humanité jusqu'à la fin? (lire la suite)
La mer (The Sea), de John Banville
Le Bon Dieu était d’humeur magnanime le jour où il créa l’Irlande. Ayant pourvu l’île des beautés naturelles que l’on sait, ayant créé les humains pour la peupler, il regarda ces derniers qui dégourdissaient leur jambes encore flageolantes et se dit, ‘pourquoi pas ?’ Se penchant, il leur murmura à l’oreille, ‘Je vous fais don des mots. Vous les utiliserez comme jamais personne n’a imaginé de le faire.’ C’est en tout cas ce qu’on est obligé de penser quand on sort, encore étourdi, du splendide roman de John Banville, La mer. Après Yeats, Oscar Wilde, Beckett, Joyce (lire la suite)
Outre-Atlantique, un nouveau poète lauréat, Billy Collins
Nul n’ignore que les Américains sont responsables de tout ce qui ne va pas dans le monde: tournés vers l’avenir, bêtement optimistes, riches, se mêlant de ce qui ne les regarde pas, et utilisant sans rire des mots tels que liberté, travail, et patrie. De surcroît, voila qu’ils ont à présent l’outrecuidance de penser que trois mille des leurs réduits en poussière le 11 Septembre méritent que l’on trouve et châtie les responsables! Un comble! Nul n’ignore non plus que les Américains sont frustes, manquent de culture, et que leurs seules valeurs sont matérielles (lire la suite)
Malgré Tocqueville
Habitant loin de la France depuis des années, je ne puis, malgré la meilleure volonté du monde, suivre exactement ce dont on parle et ce qui fait parler. Tout de même, Bernard-Henri Lévy, je connais. Donc, quand je reçois le dernier numéro de l’Atlantic Monthly auquel je suis abonnée et que j’y trouve un long article de BHL, à suivre, sur son voyage en Amérique sur les traces de Tocqueville, je commence à le lire. Début prometteur avec une description de la présence du drapeau américain à tous les coins de rue, sur toutes les voitures et devant toutes les maisons (lire la suite)
Le symbole perdu, par Dan Brown
Comment ne pas rêver devant des chiffres pareils ? Mis en vente mardi 15 septembre, Le symbole perdu, dernière œuvre de Dan Brown, a été vendu le lendemain à un million d’exemplaires ! Si ce chiffre n’approche pas encore du dernier Harry Potter de J. K. Rawlings vendu à huit millions d’exemplaires le premier jour, ni des records de vente des ouvrages précédents de Dan Brown lui-même—à ce jour, quatre-vingt millions à travers le monde pour le Code da Vinci—il y a quand même là de quoi tomber en pamoison pour tous les écrivains au public moins étendu (lire la suite)